Aujourd’hui, nous partons à l’île de Sein pour une récolte de chanvre. Que pouvons-nous faire avec cette matière première ?
Comment cultiver sur une île ?
Les cultures de chanvre sur l’île de sein en Bretagne
Il faut savoir que l’île de Sein est à l’autre bout du monde. C’est l’île la plus à l’ouest du continent européen. On y compte 150 habitants, il n’y a pas de voiture et on peut y accéder seulement avec des liaisons par bateaux lorsque le temps le permet.
Aujourd’hui, les récoltes de chanvre de cette île se font sur des terrains en friche depuis cinquante ans. On se rend compte que ça pousse tout seul. On a vraiment des composés aromatiques très puissants sur cette variété là.
La culture du chanvre permet de redynamiser l’île de Sein
Le chanvre breton a été élu meilleur chanvre en Europe de par sa qualité. C’est le seul capable de produire des fibres suffisamment résistantes et fines.
Au départ, on a fait des essais de culture du chanvre sur le continent et sur l’île de Sein. C’était pour voir la manière dont les cultures se comportaient avec le vent et les embruns. Le bout des feuilles grille un peu, mais cela est dû au manque de pluie en Bretagne cette année 2018. Cela ne gêne en rien la floraison.
Sur l’île de Sein, la bière au chanvre est un produit phare. Avec une vingtaine de pieds, on produit environ 500 litres de bière. Pour cela il faut mélanger environ 25% de chanvre à 75% de houblon.
Cette activité revalorise une région, une île sur laquelle il n’y a pas vraiment d’activité économique. Cela va sans aucun doute créer des emplois dans cette région bretonne.
C’est le projet global de ces cultures : proposer des solutions pour un agriculteur ou un couple qui viendrait s’installer dans la région. L’idée c’est de préparer un petit dossier car nous on sait faire du chanvre et du blé noir. On sait les transformer et vendre les produits aux touristes. C’est une belle opportunité pour créer des produits de luxe.
En effet, avec le président de la Chambre d’Agriculture et celui de la Chambre de Commerce, nous avons fait le calcul simple que la culture de chanvre légal et sa transformation pourraient créer de nombreux emplois. Pour donner une idée, avec 1000 hectares de chanvre on pourra créer une quinzaine d’emplois.
Ainsi, ces 15 personnes pourront travailler sur la production et la transformation des cultures de chanvre dès l’année prochaine (2019).
Par exemple, on va récupérer de l’huile végétale, une centaine de tonnes qui va partir pour faire des bio-plastiques avec l’entreprise Novamont. Il restera de l’huile végétale de chanvre pour fabriquer des potions mélangées aux huiles essentielles. Elles vont permettre aux activités de naturopathie de faire des massages ou de traiter certains symptômes, comme les mycoses.
Par exemple, il y a Alex, podologue qui intervient mensuellement sur l’île de Sein, qui est intéressée par ces huiles végétales aux vertus thérapeutiques. Il y a une vraie demande d’un bien-être et de soins naturels. L’huile de chanvre, grâce à ses propriétés et sa production en circuit super court intéresse les personnes dans le domaine médical pour des partenariats locaux.
Produire sur une île : les avantages de la culture du chanvre légal
Au départ, il y avait une certaine appréhension à cultiver sur les terres de l’île de Sein. En effet, il y a eu des inondations, l’eau de mer est passée par-dessus les digues. En plus, rien n’a été cultivé durant ces cinquante dernières années.
On est arrivés avec un gros dossier sur l’étude des sols. Sauf qu’après avoir goûté un petit bout de terre, on s’est tout de suite rendus compte qu’elle n’était pas spécialement salée et en voyant sa couleur, on savait qu’il y avait de la vie.
À première vue, c’était une terre qui paraissait pauvre, très sableuse avec peu de matières organiques. Finalement, les pieds de chanvre sont sortis tout seuls au bout de 3 jours et le blé noir à poussé de façon exceptionnelle.
On a eu l’impression que la terre nous rendait le bonheur qu’elle a eu d’être travaillée à la main, enrichie de coquilles d’huîtres et de goémon durant ces cinquante à cent dernières années. Ils savaient enrichir les sols de manière naturelle à l’époque. La coquille d’huître fournit des minéraux tandis que le goémon apporte du calcaire.
Produire du blé noir
Il y a aussi une production de blé noir sur une autre parcelle de terre, qui est un peu plus grande que celle pour ses cultures de chanvre. Ainsi, avec 300m3 de blé noir on récolté 30 kilos de farine, ce qui équivaut à environ 500 crêpes.
Ainsi, on sait que le blé noir pousse bien sur l’île, ce qui va permettre de réinstaller une vie économique en installant des personnes qui vont produire et transformer ce produit.
Culture du chanvre : utilisations et transformation
Que peut-on faire avec du chanvre ?
On peut faire de nombreuses choses avec la production du chanvre légal.
Par exemple, on peut produire des huiles végétales pour assaisonner les salades, des farines, des chips de chanvre, de la bière au chanvre, des matériaux de construction pour les maisons, mais aussi du CBD médical, et du bio-plastique. Avec la fibre on peut faire de l’isolant pour les maisons mais aussi de la ficelle pour réparer les voiles de bateaux.
Chose plus étonnante, on peut utiliser l’huile dans les groupes électrogènes pour dépanner. Elle peut remplacer le gasoil.
Lorsqu’on distille le chanvre on en fait des huiles qui vont soigner les maux du dos, l’hypertension oculaire et qui assouplissent les muscles. On récupère d’ailleurs la chaîne carbonée des huiles végétales pour en faire du bio-plastique.
Grâce au chanvre on peut donc soigner, loger, nourrir et vêtir la population.
Comment transformer le chanvre ?
Tout d’abord, on met de côté plusieurs pieds pour garder les graines pour en faire des semences. Plus les tiges arrivent à maturité, plus elles lâchent leur pollen. Elles se retrouvent desséchées et on va utiliser la fibre et les copeaux pour faire de l’isolant.
Ensuite, on enlève les fleurs qui restent avant de casser la tige. À l’intérieur, il y a du copeau qu’il faut enlever. C’est ça qu’on mélange avec de la chaux pour faire l’isolation des maisons.
Il reste l’extérieur de la plante qui est la fibre. On vient peigner ça pour faire des fibres individuelles avec lesquelles on peut faire du fil de chanvre. On peut tricoter avec ce fil ou le tresser pour en faire de la ficelle.
Les anciens prenaient ces fibres de chanvre qu’ils enroulaient autour de plusieurs pieds de chanvre pour en faire des fagots. Ils amenaient ça à la rivière pour séparer la fibre des copeaux pendant une ou deux semaines. C’est ce que l’on appelle le rouissage du chanvre.
Ensuite il faut faire sécher le chanvre pendant environ un mois. Cela permet d’enlever toute l’eau et de garder des composés aromatiques de bonne qualité.
Puis on vient couper les fleurs pour les mettre de côté, pour faire le brassin de bière par exemple.
D’ailleurs de 100 hectares de chanvre on peut extraire 400 tonnes de tourteau riche en protéines qui servira à l’alimentation des animaux, notamment des cochons. C’est la farine compactée qui reste après avoir extrait les huiles du chanvre. En France on manque de cet aliment pour les animaux, on en fait venir de Chine.
Culture du chanvre : pour aller plus loin
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