Introduction
Construire avec des briques de chanvre, ce n’est plus une utopie mais une réalité à portée de main. Entre performance écologique, simplicité de mise en œuvre et potentiel économique pour les agriculteurs, la brique de chanvre apparaît comme une solution innovante et accessible.
Marie
Imaginez des maisons qui respirent, capables de réguler leur température et leur humidité toutes seules. Fraîches en été sans climatisation, confortables en hiver, et qui stockent en plus du carbone. C’est la promesse des constructions en chanvre, notamment grâce aux briques dont on va parler aujourd’hui. Alors, question concrète pour les producteurs de chanvre : comment transformer la tige, souvent considérée comme un sous-produit, en briques pour l’éco-construction, et générer un revenu supplémentaire ?
Julien
Exactement. C’est un sujet clé parce qu’il s’inscrit dans une réflexion plus large : comment diversifier les débouchés du chanvre et mieux valoriser toute la plante ? La tige représente un gros volume, mais sa valorisation économique reste compliquée dans les schémas actuels.
Le potentiel des briques de chanvre dans l’éco-construction
Pourquoi le chanvre séduit dans la construction durable
Marie
Oui. Un producteur un peu isolé ou qui veut plus d’autonomie se demande souvent : comment je peux transformer cette tige en un produit fini ? Et c’est d’autant plus intéressant que le marché de l’éco-construction explose.
L’évolution du marché mondial et français
Julien
C’est vrai. Pour bien comprendre l’intérêt d’un modèle artisanal, faisons déjà un tour du modèle classique. Aujourd’hui, la filière repose sur les chanvrières, ces grandes usines qui achètent la paille, la défibrent et séparent la fibre textile de la chènevotte. Et c’est cette chènevotte qui sert à fabriquer le béton de chanvre et les briques industrielles.
Le modèle classique de briques de chanvre : forces et limites
Dépendance aux usines et aux distances
Marie
Mais ce modèle a ses limites pour le producteur, non ?
Julien
Oui. La première, c’est la dépendance à l’usine. Ensuite, il y a la barrière géographique : au-delà de 80 km du site de défibrage, les coûts de transport grignotent toute la rentabilité. Enfin, le producteur vend sa matière première brute et c’est l’usine qui capte la majeure partie de la valeur ajoutée. Résultat : seuls les très gros volumes sont intéressants.
Une valeur ajoutée captée par l’industrie
Marie
D’où l’intérêt d’un modèle plus autonome : fabriquer ses propres briques directement à la ferme.
Julien
Exactement. L’article cite même des exemples de producteurs du réseau Chanvre Légal Pro qui ont développé leurs propres prototypes de briques avec des outils simples. Résultat : des briques solides, peu coûteuses, produites localement. C’est accessible et ça redonne de la valeur à la tige.
Le modèle artisanal de brique de chanvre : fabriquer ses briques à la ferme
Une alternative accessible
Marie
Et côté marché, la demande est réelle ?
Julien
Oui, et même très forte. Le marché mondial du béton de chanvre est estimé à près de 26 milliards de dollars en 2024 et pourrait atteindre 35 milliards en 2030. En France, les surfaces de chanvre pour la construction ont triplé en dix ans, et on prévoit un nouveau doublement dans les cinq prochaines années.
La demande croissante pour les matériaux biosourcés
Marie
C’est énorme. Et ça colle avec la réglementation, comme la RE 2020, qui pousse vers les matériaux bas carbone.
Julien
Exactement. Sans compter la demande citoyenne : les gens veulent du local, du sain, de l’écologique. L’autoconstruction et la rénovation durable se développent beaucoup.
Les avantages pour les producteurs de briques de chanvre
Un revenu complémentaire et des marges locales
Marie
Donc les débouchés, ce sont les autoconstructeurs, les artisans sensibles à l’éco-construction, et les distributeurs spécialisés.
Julien
C’est ça. Et même si ces briques artisanales ne sont pas toujours normées comme les briques industrielles, elles trouvent leur marché. Une clientèle qui valorise l’authenticité, le local, et qui sait reconnaître un produit de qualité.
Un engagement écologique et territorial
Marie
Et concrètement, quels atouts pour l’utilisateur ?
Julien
D’abord le confort : régulation naturelle de l’humidité, isolation thermique et phonique, confort d’été en période de canicule. Ensuite, l’argument écologique : le chanvre absorbe du CO₂ en poussant, et ce carbone reste stocké dans la brique. Enfin, la polyvalence : utilisables en neuf comme en rénovation, en cloison comme en isolation.
Le processus de fabrication des briques de chanvre artisanales

Les étapes clés (préparation, mélange, moulage, séchage) de fabrication des briques de chanvre
Marie
Et pour le producteur, c’est une vraie façon de capter la valeur.
Julien
Tout à fait. Il valorise une matière souvent délaissée, réduit les intermédiaires et crée un produit recherché localement. Et le processus reste simple : broyer la tige pour obtenir la chènevotte, la mélanger avec un liant (chaux ou terre), mouler, sécher, et vendre. Deux personnes peuvent produire environ 200 briques par jour avec des moules simples.
Chaux ou terre : deux choix stratégiques
Marie
C’est impressionnant. En résumé, fabriquer des briques de chanvre à la ferme, c’est une opportunité accessible pour diversifier ses revenus et participer à l’éco-construction.
Julien
Exactement. C’est une façon de reprendre la main sur la valeur, de s’inscrire dans les circuits courts, et de répondre concrètement aux enjeux environnementaux. Et peut-être, demain, ouvrir la porte à d’autres innovations locales : panneaux, enduits, isolants… Les possibilités sont nombreuses.
Les briques de chanvre sont adaptées au neuf comme à la rénovation
Marie
L’article précise aussi que ces briques sont très adaptables, aussi bien pour les constructions neuves que pour la rénovation.
Julien
Oui, c’est un vrai point fort. Elles peuvent servir pour des cloisons ou pour isoler des murs, que ce soit par l’intérieur ou l’extérieur. Et ça fonctionne aussi bien dans une maison moderne que pour rénover une vieille ferme en pierre ou en pisé. L’avantage, c’est qu’elles respectent le fonctionnement naturel de l’humidité dans les vieux murs. En France, avec notre patrimoine, c’est un atout énorme.
Les avantages pour le producteur
Marie
Et si on se place maintenant du côté du producteur, quels sont ses avantages à lui ? L’article en cite plusieurs.
Julien
C’est là que le modèle devient vraiment intéressant pour un agriculteur. Sur le plan économique d’abord : ça permet de valoriser la tige, un coproduit souvent peu rentable dans le circuit classique. On part d’une matière première bon marché pour en faire un produit fini avec une valeur ajoutée bien plus élevée.
Marie
Et donc, s’il vend en direct, localement, il peut espérer de meilleures marges ?
Julien
Exactement. Moins d’intermédiaires, moins de transport, et plus de revenus pour lui. En plus, c’est gratifiant écologiquement : le producteur contribue directement à la construction durable dans sa région.
Marie
Mais techniquement, c’est vraiment simple à mettre en place ?
Julien
L’article insiste justement là-dessus : pas besoin d’investissements énormes pour commencer. Les étapes de base – broyer, mélanger, mouler, sécher – s’apprennent assez vite. Et le matériau obtenu est performant : isolant, régulateur d’humidité, écologique. Stratégie gagnante aussi : ça permet de répondre à une demande locale, de s’ancrer sur son territoire, et surtout de se différencier. On ne vend plus seulement de la paille, mais un produit fini pour la maison. C’est un vrai changement de statut.
Un processus simple et accessible
Marie
Ça donne envie de savoir comment ça marche concrètement. Tu peux détailler le processus de fabrication ?
Julien
Bien sûr. Première étape, cruciale : préparer la chènevotte. Après la récolte, on broie la tige pour obtenir cette partie ligneuse, bien calibrée et sans excès de poussière. C’est la matière de base.
Marie
On utilise uniquement la chènevotte ou on peut laisser un peu de fibre dedans ?
Julien
Ça dépend du broyeur et du rendu recherché. Laisser un peu de fibres courtes peut améliorer la cohésion de la brique. Ensuite, on mélange avec un liant : soit de la chaux, soit de la terre.
Marie
Et ce choix change quoi au final ?
Julien
C’est un vrai choix stratégique. La chaux, aérienne ou hydraulique, apporte de la durabilité, une bonne résistance à l’humidité et permet de produire des briques plus légères et isolantes. Mais elle coûte plus cher et a une empreinte carbone plus élevée. La terre, si on en a une bonne localement, est quasiment gratuite et donne des briques plus denses, avec une forte inertie thermique, idéales pour le confort d’été. Par contre, elles isolent un peu moins.
Marie
Donc en gros, tout dépend de l’usage final : isoler un mur, monter une cloison…
Julien
Exactement. Une fois le mélange prêt, on passe au moulage. On remplit des moules, on tasse plus ou moins selon la densité voulue, puis on démoule. Après, il faut patienter : les briques doivent sécher plusieurs semaines dans un espace ventilé et abrité.
Étapes clés pour fabriquer des briques de chanvre
Marie
L’article donne aussi un plan d’action en cinq étapes pour se lancer, non ?
Julien
Oui, très concret. Premièrement : produire son chanvre et maîtriser le broyage pour obtenir une chènevotte régulière. Deuxièmement : choisir son liant, chaux ou terre. Troisièmement : fabriquer ou trouver des moules solides et adaptés. Quatrièmement : tester avec une petite série de prototypes pour valider la recette, la densité, la résistance et le temps de séchage. Cinquièmement : une fois le produit validé, le commercialiser localement auprès des autoconstructeurs, artisans ou magasins éco spécialisés.
Marie
Ce qui est motivant, c’est cette accessibilité. Pas besoin d’être une grande entreprise pour se lancer. On valorise un sous-produit, on répond à une demande, et on peut tester petit avant de grandir.
Une opportunité complémentaire aux autres usages du chanvre
Julien
C’est ça. Et en plus, c’est compatible avec d’autres valorisations du chanvre. Par exemple, si on produit déjà de la graine, on a encore plus de tiges disponibles. Pareil avec la fleur CBD, selon les méthodes de récolte.
Terre ou chaux : résumé pratique
Marie
On avait parlé tout à l’heure de la différence terre/chanvre et chaux/chanvre. Tu peux résumer simplement ?
Julien
Oui. En gros :
- Terre = économique, local, briques plus denses avec plus d’inertie → bon pour l’été.
- Chaux = plus cher mais plus durable, briques légères et isolantes → bon pour l’hiver.
La règle simple : plus c’est dense, plus ça stocke la chaleur mais ça isole moins. Plus c’est léger, plus ça isole mais ça stocke moins. À chaque usage sa solution.
Défis et perspectives pour la fabrication et la commercialisation des briques de chanvre
La question de la normalisation
Marie
Et cette question de normalisation, c’est un vrai frein ou pas ?
Julien
Pas forcément. Pour le marché visé – autoconstructeurs, artisans habitués aux matériaux écologiques, rénovation – ce n’est pas rédhibitoire. Ces acteurs travaillent souvent avec des produits pour leurs qualités intrinsèques, pas seulement pour un tampon de normes.
Marie
Et côté solidité ? Est-ce qu’on peut imaginer construire toute une maison avec ces briques ? Des murs porteurs par exemple ?
Julien
Ça dépend vraiment de la recette et de la mise en œuvre. Pour isoler, remplir une ossature bois ou faire des cloisons, aucun problème, c’est parfait. Pour des murs porteurs à 100 %, c’est techniquement possible avec des mélanges très denses et une exécution impeccable. Mais l’article recommande la prudence : au départ, mieux vaut se concentrer sur le non structurel ou le semi-porteur.
Une opportunité encore rare sur le marché
Marie
Dernière question pratique : si aujourd’hui on veut acheter ces briques artisanales, on s’adresse à qui ?
Julien
L’offre est encore assez limitée et discrète en dehors des filières industrielles. Mais justement, c’est parce que c’est encore rare qu’il y a une vraie opportunité pour de nouveaux producteurs. Le marché est en train de se créer.
Conclusion : une voie d’avenir pour les producteurs de chanvre
Marie
Alors, si on résume, le message central de l’article de chanvre-légal-pro.com, c’est que fabriquer ses propres briques de chanvre à la ferme, c’est une piste concrète et accessible pour les producteurs.
Julien
Exactement. C’est une façon de reprendre la main sur la valeur de son travail, de s’ancrer dans l’économie locale et de contribuer à l’éco-construction. Tout en apportant une réponse très concrète aux enjeux environnementaux.
Marie
Une perspective vraiment enthousiasmante, je trouve.
Julien
Et si on pousse un peu plus loin la réflexion : si les producteurs apprennent à transformer eux-mêmes la tige en briques, qu’est-ce que ça pourrait ouvrir comme autres possibilités ? Peut-être des panneaux, des enduits, d’autres isolants fabriqués à la ferme ? Ce serait un pas de plus vers l’autonomie et le développement des circuits courts. Une belle piste d’innovation pour l’avenir.
Marie
C’est vrai. Et rappelons-le, les briques ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Chanvre-légal-pro.com explore justement ces modèles pour aider les producteurs à diversifier leurs activités et bâtir des filières solides autour de cette plante décidément pleine de ressources.



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